Le commerce électronique en Afrique selon le 

World Economic Forum

La version originale de cet article a paru dans la revue L'Economiste Maghrébin

No. 267, août  2001, page 45


Par Mohamed Louadi, PhD

Il y plus d'un mois déjà, le World Economic Forum publiait son rapport classant les pays africains en fonction de leur indice de compétitivité économique. Le rapport classe 24 des 50 pays africains en utilisant la moyenne de deux groupes de données; un groupe composé de données quantitatives et un groupe résultant de l'appréciation subjective de 2.000 entreprises africaines. Parmi les données subjectives, figurent certaines liées au commerce électronique.

Les analystes spécialistes du domaine, en ont tiré les conclusions suivantes:

En dehors de l'Afrique du Sud, le commerce électronique en Afrique en est encore à ses tous premiers balbutiements mais a un avenir prometteur à long terme. D'après Lisa Cook, sous-directeur à l'Africa Research à l'université de Harvard et co-auteur du chapitre sur le commerce électronique en Afrique, le verre est à moitié vide et à moitié plein, "il existe un potentiel pour une croissance du commerce électronique, mais pas encore dans la réalité" affirme-t-elle.

Avec 140.470 sites Internet, suivie de la Namibie qui en compte 1.995, l'Afrique du Sud est classée première en ce qui concerne les infrastructures Internet mais n'est que troisième en ce qui concerne l'accès, précédée par la Namibie et la Tunisie. En 1999, l'Afrique du Sud comptait 990.000 abonnés, suivie de l'Egypte qui en comptait 330.000. Le Lesotho est au bas de la liste avec 17 sites Internet et seulement 600 abonnés.

L'île Maurice, classée deuxième après la Tunisie dans le classement global se veut également une place forte du commerce électronique en Afrique. Dans un pays où la croissance économique (5%) et le revenu annuel moyen pat habitant (3.400 dollars) sont parmi les plus élevés du continent, l'Île Maurice compte 20.000 abonnés à l'Internet. Contrairement à la plupart des autres pays, y compris ceux en dehors du continent, l'Île Maurice dispose d'un système sécurisé de paiement en ligne par carte bancaire.

Malgré ces résultats encourageants, l'Afrique, qui compte près de 700 millions d'habitants, ne compte encore que 0,6% de la tonalité de la population Internet dont les deux-tiers sont Sud Africains.

Dans leur chapitre, Lisa Cook et son collègue du Centre pour le développement international, Geoffrey Kirkman, déclarent que si l'on exclut l'Afrique du Sud, il y aurait, en juillet 1999, 5.000 Africains par ordinateur connecté à l'Internet.

D'après Cook, trois préoccupations majeures doivent désormais être la priorité des pays africains soucieux de rattraper les pays développés: (1) l'accès aux réseaux de télécommunications, (2) la diffusion de la culture de l'Internet et (3) la politique et le cadre de l'infrastructure publique.

Jeffrey Sachs, Directeur du Centre pour le développement international à Harvard, et principal coordinateur de l'étude, déclare que la technologie devra jouer un rôle crucial dans le développement du continent africain. D'après Sachs, les pays africains se doivent de réduire leur dépendance de l'export des ressources naturelles et de déployer tous leurs efforts afin de faire partie de l'économie nouvelle, soit en tant que fournisseurs pour les multinationales ou en tant que centres de production pour les manufacturiers high-tech.