Le NC ou le début de la révolution post-PC

La version originale de cet article a paru dans La de l'Entreprise

5ème année, No.27, janvier-fébrier 1997, pages 64-66


Par Mohamed Louadi, PhD

Le domaine des technologies de l'information dépend de plusieurs variables et d'une seule constante: le changement. Nul, et encore moins les soi-disant visionnaires de l'industrie informatique, ne peut prévoir les orientations futures de cette industrie. Pourtant, la question de savoir quelle sera la prochaine vague d'ordinateurs par exemple se pose maintenant parce que nous sommes peut-être en train de vivre une époque où un changement radical est imminent. D'après le philosophe espagnole José Ortega y Gasset, chaque révolution dure une quinzaine d'années. Incidemment, les révolutions informatiques ont eu lieu à intervalles de quinze ans approximativement. Vers 1950, les super ordinateurs de Remington-Rand, IBM et Sperry avaient pignon sur rue, en 1965, vint le mini-ordinateur(1) puis, en 1981, apparut le PC, le premier ordinateur personnel à rencontrer un succès commercial éclatant(2).

Avec trois vagues de technologies, les gros ordinateurs, les minis et les PC, nous pouvons constater les faits suivants:

• Chaque révolution technologique a eu ses partisans et ses détracteurs. Dès l'avènement des premiers ordinateurs, le PDG d'IBM, Thomas Watson, pensait qu'il n'y aurait jamais un marché de plus de cinq ordinateurs au monde. Plus tard, en 1977 et à l'aube de la révolution du PC, Ken Olsen, président et fondateur de Digital Equipment Corporation (DEC) ne voyait pas pourquoi on voudrait d'un ordinateur sur notre table de bureau.

• Les soi-disant visionnaires de l'industrie semblent aimer croire que chaque nouvelle technologie supplantera celle qui l'a précédée. Ainsi les mini ordinateurs, à cause de leur taille et de leur prix, devaient-ils reléguer aux oubliettes les monstres dynosauresques qui occupaient des pièces de 225 m2 et pesaient trente tonnes. Certaines croient encore que le PC détrônera le mini et le super ordinateur, à cause peut-être de la mode des client/serveurs et des stations de travail.

• Chaque nouvelle technologie s'est imposée et ce malgré ce que les "experts" pensaient créant plus de richesses et d'opportunités que la technologie précédente. Le PC a créé toute l'industrie de informatique personnelle et Silicon Valley. Aujourd'hui le PC est en train de se tailler une place dans les foyers américains presqu'au même titre que le téléphone et le téléviseur.

La leçon que l'on tire de ces constatations c'est que les super ordinateurs sont encore populaires au sein de certains cercles, notamment les grosses entreprises. Aujourd'hui, certains professionnels du métier trouvent les modèles récents de mini-ordinateurs plus économiques, plus stables, plus performants et plus sûrs que leurs équivalents PC ou client/serveurs. Le fait que Cray, la compagnie qui manufacture l'ordinateur le plus puissant au monde, ait fait faillite et que les ventes des super ordinateurs et des mini ordinateurs aient accusé une chute de 3% entre 1989 et 1993 alors que les ventes de PC avaient augmenté au taux de 12% durant la même période, n'augurent en rien de leur déclin. L'année 1994 qui a vu les ventes des PC dépasser les ventes d'automobiles en termes de volume aux Etats-Unis a également vu les gros ordinateurs reprendre du poil de la bête.

Quinze ans après l'apparition du PC, en 1996, un autre cycle devrait être amorcé mais rien ne peut encore être dit quant à quelle technologie emboîtera le pas au PC. Bien sûr, il y a plusieurs prétendants au titre mais il y en a un qui semble être plus probable que les autres. Il s'agit de ce petit gadget appelé le Network PC.

Le Network PC, ou NC, dont l'industrie fait des gorgées chaudes depuis près d'un an est un petit appareil qui ressemble à un ordinateur mais qui n'en est pas un, un gadget qu'on croit avoir déjà vu tant il nous rappelle les terminaux des années 1960 et 1970, mais dont on vante les qualités comme si c'était une nouveauté. Un gadget qu'on a tour à tour baptisé l'Internet Lite, le Network PC et l'Internet Appliance. C'est un appareil aux dimensions comparables à celles d'une calculatrice, aux touches semblables à celles d'une télécommande de télévision et ayant des fonctions qui s'apparentent à celles d'un navigateur Internet. Le NC serait un PC moins le disque dur et le système d'exploitation du PC.

Faits notables:

• Tout comme les autres technologies, le NC a déjà ses partisans et ses détracteurs. D'abord Nathan Myhrvold, vice-président de Microsoft Corp. s'empresse de traiter le nouvel appareil de dumb terminal (terminal stupide) en référence aux terminaux d'antan qu'on connectait aux super ordinateurs et aux mini ordinateurs, dont près de 30 millions sont encore utilisés de nos jours et qui sont dénués de mémoire, de microprocesseur, de résolution écran et de disque dur. Ensuite, Michael Dell, fondateur et PDG de la compagnie de PC qui porte son nom. ne cache pas son étonnement de voir tant d'énergie dépensée pour si peu. Il pense que le NC est quelque chose qui ne réussira jamais à s'imposer sérieusement et dont sa compagnie prendra soin de garder ses distances. Il s'étonne qu'il y ait tant d'attention consacrée à une technologie qui n'est le produit d'aucune recherche approfondie. Après tout, le NC n'a jamais été défini autrement qu'en référence au PC.

• Plusieurs observateurs, notamment ceux qui ont accepté le NC à bras ouverts avant même qu'il ait été conçu, se sont empressés de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué et ont commencé à crier à qui voulait les entendre que les jours du PC étaient désormais comptés. Pourtant, même Larry Ellison, le plus fervent supporter du NC, a abandonné cette idée. Aujourd'hui, il est clair que le NC s'adresse à un autre marché, une autre clientèle et d'autres besoins. Ellison a abandonné sa rhétorique d'antan et s'accorde avec plusieurs autres experts à dire qu'un jour le PC et le NC co-existeront.

Tout cela a des relents de déjà-vu. Mais nous ne savons toujours pas si le NC s'imposera. Est-ce une technologie à la recherche d'un marché à défaut d'un marché à la recherche d'une technologie, ou est-ce tout simplement une technologie que seuls les mordus de l'Internet attendent depuis longtemps et qui se propagera comme une traînée de poudre dans le sillage de l'Internet?

Larry Ellison et le NC

La première mention du NC dans la presse date de la fin de l'année 1995 lorsque Larry Ellison qui, de son propre aveu déteste le PC, présente une "alternative" au PC qui est décidément bien plus coûteux et complexe que le reste de l'industrie veut nous le faire croire. Ellison pense que d'ici à l'an 2000. il y aura plus de NC vendus dans le monde que de PC. Personne n'aurait pris cette nouvelle chose au sérieux n'eut été la stature de Ellison.

Ellison est le fondateur et PDG d'Oracle, la deuxième entreprise de logiciels au monde. Oracle a réalisé un chiffre d'affaires de 3,8 milliards de dollars en 1995 (comparé aux 7,5 milliards de Microsoft). Il a remporté de nombreux prix, dont celui d'Entrepreneur de l'année de la prestigieuse Harvard School of Business. De plus, il est le conseiller du président Bill Clinton en matière d'exportation.

C'est dire que Ellison est de taille à faire face aux détracteurs du NC. Ceux-ci incluent Bill Gates, fondateur et PDG de Microsoft, la première compagnie de logiciel du monde(3), Nathan Myhrvold, son vice-président titulaires de trois PhD et Michael Dell.

Les partisans inconditionnels du NC comptent, hormis Ellison, Scott McNealy de la vénérable Sun Microsystems où Java est né et Marc Andreeson, créateur du navigateur Internet le plus populaire du monde Netscape. L'alliance autour du NC inclut trente autres manufacturiers et partenaires disséminés de par le monde dont Akai, Olivetti, Corel, DEC, Apple et IBM. Les indécis comptent parmi leurs rangs le visionnaire mais sage Andrew Grove d'Intel, la plus grande compagnie de microprocesseurs du monde.

En un mot, ceux qui sont contre le NC sont les purs et durs de la révolution du PC, souvent ceux qui l'ont enclenchée ou amenée au niveau où elle est aujourd'hui. Ceux qui supportent le NC sont ceux qui sont menacés par ce même establishment (dont Apple par exemple qui est menacée par l'hégémonie Wintel formée par l'alliance technologique Windows de Microsoft et Intel).

Le NC

Tel que présenté le 20 mai 1996 sous la forme de standards développés par Apple, IBM, Netscape et Sun, le NC (voir la figure 1) serait un gadget muni d'un microprocesseur ARM 7500 (un processeur RISC 32 bits dont la puissance serait équivalente à un 486 cadencé à 66MHz), d'une mémoire maximum de 8 méga-octets, d'une résolution d'écran supérieure ou égale à 640 x 480 (la résolution minimale des PC vendus aujourd'hui), d'une souris, d'un clavier, de périphériques audio, et d'un micro-système d'exploitation appelé NCOS développé par Oracle.

Le design du NC, du moins tel qu'envisagé par Ellison, a subi plusieurs mise-à-jours et ce, avant même qu'il ait été réellement conçu. Par exemple, lors de sa conférence au Japon le 19 janvier 1996, Ellison parlait d'un NC sans système d'exploitation. Celui-ci, tout comme les micro-programmes Java, serait téléchargé au besoin à partir du réseau. Lors de cette conférence, la taille minimum du système d'exploitation était aux alentours de 800K(4).

Le NC peut utiliser n'importe quel microprocesseur, incluant Intel, MIPS, ou le PowerPC. Fait notable: le NC n'utilise aucun disque dur parce que les données et les programmes résideront tous sur le réseau.

Le prototype représenté dans la figure 1 a été présenté pour la première fois en février 1996 par le même Ellison. Le prototype était connecté à un téléviseur et semblait naviguer l'Internet. Il émettait des sons audio et jouait des clips vidéo tout comme le ferait n'importe quel PC multimédia d'aujourd'hui sauf que cet appareil se vendrait à 500$ ou moins à en croire Ellison.

Oracle est si convaincu par la viabilité du concept qu'il a créé une compagnie subsidiaire, Network Computer Inc., pour se charger exclusivement du développement du logiciel nécessaire pour le NC. Oracle ne s'occupera néanmoins pas du matériel ou de la conception physique du NC. D'ailleurs, le prototype présenté par Ellison était manufacturé par une compagnie britannique nommée Acorn Computer Group PLC.

Peut-être que le NC doit être pris au sérieux après tout. Peut-être que l'establishment du PC craint que l'on piétine sur ses plate-bandes. L'an dernier, Bill Gates ne s'est pas caché de reconnaître que Java, le fer de lance des logiciels qui seront exécutés sur le NC, menace de remettre en question tout ce que Microsoft a essayé d'accomplir à ce jour.

Java, un langage de programmation pour l'Internet et le NC

On parle depuis quelque temps déjà d'un nouveau langage informatique qui permettra à quiconque ayant accès à l'Internet (et ils seront bientôt nombreux s'il est vrai qu'en l'an 2000, près de 180 millions d'ordinateurs seront connectés à l'Internet) d'exécuter à distance un programme sans pour autant qu'il soit en sa possession ni sur son disque dur. Ainsi, si un utilisateur a besoin de lancer un vérificateur de syntaxe sur son document, il n'aura qu'à appuyer sur un signet --ou applet--"vérification de texte".

Java est un langage de programmation généraliste et orienté objet développé et implémenté par un petit groupe d'ingénieurs de Sun Microsystems sous la direction de James Gosling. La technologie Java était annoncée pour la première fois en mai 1995 lors d'une conférence à San Francisco. Le nom Java était inspiré de la marque de café que ses inventeurs buvaient alors qu'ils discutaient le nouveau concept. Son logo (voir ci-contre) est maintenant familier à tous les fanatiques de la programmation Java.

Java est donc connu comme le langage qui sert à écrire des applications qui "voyagent" sur l'Internet et qui peuvent s'exécuter sur n'importe quel ordinateur, indépendamment de la plate-forme (DOS, Windows 95, Macintosh, Unix, etc.). L'utilisateur n'aura pas à savoir quel programme est exécuté, ni où ce programme se trouve.

Un programme écrit en Java peut s'exécuter sur toute les plate-formes simulant ce processeur. Cette caractéristique lui permet de survivre dans un milieu hétérogène tel que l'Internet. Sur l'Internet, Java sera donc disponible sous forme d'"applets", petits programmes mono-fonctionnels qui peuvent être utilisés au besoin.

Un exemple d'application Java (applet) est ce système de lancement de commande sur l'Internet développé par @WORLD. En utilisant cet applet (figure 3), l'on voudrait d'abord savoir si l'article demandé, un modem par exemple, est disponible en stock.

Ni le programme ni Les données affichées ne sont résidents sur la machine sur laquelle on travaille. plus. L'on n'a qu'à choisir parmi les articles dont les noms sont affichés dans la partie gauche (figure 4). Sitôt identifié, le nom, le prix et la quantité disponible de l'article sont alors affichés. Ces applets ne sont pour ainsi dire la propriété de personne. Chaque entreprise qui a un stock à gérer peut les utiliser avec ses propres données. Ces applets peuvent donc être utilisés à volonté. D'autres applets d'applications diverses sont déjà disponibles qui peuvent être utilisés à distance, au besoin et à volonté.

Le NC sera donc dépendant du réseau et de ces applets en guise de logiciel puisqu'il ne dispose pas de disque dur ni d'aucun autre moyen d'emmagasiner des logiciels dont seul une très faible partie sera utilisé. Pour le NC, ne sera utilisé que l'applet dont on a besoin. Dans l'esprit Java, et du moins en ce qui concerne le logiciel, la différence entre le logiciel du PC et celui du NC est donc semblable à la différence entre l'achat et la location.

Un NC à 500 dollars?

Parmi les incrédules, il y a ceux qui doutent qu'il soit possible de commercialiser le NC pour 500$ ou moins. Il semblerait que ces doutes ne soient pas complètement fondés.

D'abord le processeur du prototype dévoilé par Ellison coûtait 30$, les 8 méga-octets de mémoire revenaient à 200$, la connexion réseau à 30$, le clavier et la souris ont coûté 35$. Le coût total serait donc de 295$. Par ailleurs, Ellison n'exclut pas la possibilité que le NC sera un jour offert gratuitement ou loué tout comme le sont aujourd'hui les postes de téléphone.

Ensuite, certains modèles cousins au NC sont déjà sur le marché. Considérons le Winterm de la compagnie Wyse Technology Inc., ou le Pippin que Apple a co-produit avec son partenaire japonais Bandai Co., un appareil qui peut être raccordé à un téléviseur pour jouer à Nintendo ou naviguer l'Internet.

Considérons aussi le WebBook de la compagnie du même nom, qui coûte 700$, qui n'utilise aucun système d'exploitation et qui dépend entièrement de Java (figure 5).

D'autres engins du même genre incluent le @WORLD de Bandai Digital Entertainment (600$), le Solomon de SunRiver Data Systems qui est disponible en trois modèles coûtant 500, 700 et 1000$ (le modèle de la figure 6) respectivement et le Transaction Appliance de TransPhone (figure 7).

Tout récemment, en septembre, IBM qui a toujours son mot à dire lorsqu'il s'agit d'excellence technologique, révélait sa propre version du NC. Le produit d'IBM, baptisé le Network Station (figure 8), a été conçu pour être branché aux ordinateurs IBM AS/400. Ce nouveau gadget mesure 20x25x3cm, pèse un peu plus d'un kilo, fonctionne sur un micro-processeur PowerPC 403, dispose de 8 méga-octets de mémoire et a une consommation d'électricité équivalente à une ampoule de 15 watts. Il sera disponible avant la fin de l'année et se vendra à 695$, sauf qu'à ce prix, l'écran n'est pas inclus. Pour l'instant c'est la compagnie Software 2000 qui s'occupe de développer le logiciel écrit en Java pour le Network Station.

Notons en passant que le Network Station n'a pas les mêmes qualités esthétiques que ses cousins et qu'il a davantage cette apparence cerbère des anciens modems ou autre équipement réseau.

A la différence du Winterm, Pippin et du WebBook, qui sont des réalités parce qu'ils existent, ils sont déjà commercialisés et ils fonctionnent, le prototype de Ellison et le Network Station de IBM ne sont pas encore fonctionnels.

Il semblerait donc que les incongruités du PC (voir notre article "Le PC ou la fin d'un règne"), la popularité croissante de l'Internet, l'apparition de nouveaux langages révolutionnaires tels que Java et les nouvelles possibilités de miniaturisation technologiques aient permis la mutation du PC vers une nouvelle race d'appareils pour une nouvelle catégorie d'utilisateurs; des utilisateurs qui veulent tirer tout l'avantage d'un accès rapide à l'Internet sans avoir à subir les coûts et la complexité du PC.

Le NC, pour qui?

Les avantages ou désavantages éventuels du NC dépendent de l'usage que l'on pense en faire.

D'après son défenseur, le NC est idéal pour les particuliers et les ménages qui n'ont pas les moyens de s'offrir un PC. Ellison cite volontiers les études effectuées par des firmes telles que le Gartner Group, Intel et Forrester Research selon lesquelles le coût réel rattaché au PC dépasse de loin le prix initial d'achat(5). D'après ces études, le coût annuel de maintenance d'un PC varie entre 5.000 et 8.000$ (voir notre article "Le PC ou la fin d'un règne") alors que ces coûts sont de 2.127$ pour un gros ordinateur (par an et par utilisateur) et de 6.982$ pour un client/serveur. Le NC ne requiert pas autant d'efforts et de maintenance puisque l'utilisateur n'aura pas à s'inquiéter de savoir quelle est la dernière version de tel ou tel logiciel, ni de sauvegarder des fichiers. Il n'y aura presque pas de formation et le seul guide utilisateur accompagnant le NC est un manuel de huit pages (bien moins que le manuel d'un appareil vidéo) et plus important encore, il n'exige pas des hectares de mémoire vive et d'espace disque.

Le NC pour les particuliers

Le NC est surtout un outil de connexion à l'Internet et ceux dont le seul désir est de naviguer le réseau ne devraient pas s'encombrer d'une machine aussi complexe que le PC. Ainsi, le NC serait l'outil idéal pour le travailleur à domicile, le particulier, les étudiants prenant des cours à distance et tous ceux dont les besoins informatiques se limitent en fait au courrier électronique et à l'Internet. L'engin peut être raccordé à un téléviseur que ce soit à domicile, dans une chambre d'hôtel ou dans une salle commune.

Le NC pour les corporations et les PME/PMI

Pour les corporations, le NC pourrait contribuer à épargner jusqu'à 70% des coûts d'administration d'un PC. Branché à un réseau, le NC permettra aux corporations et aux PME/PMI de s'échanger du courrier électronique ou de marquer leur présence sur l'Internet sans pour autant avoir à essuyer les coûts démesurés de la gestion d'un PC et du développement de logiciels tels que la gestion du stock.

Le NC pour les écoles et les universités

Les écoles, les lycées et les universités sont un autre groupe de bénéficiaires potentiels de la nouvelle technologie. Pour les institutions éducationnelles, les coûts d'acquisition d'équipements informatiques sont souvent prohibitifs. Les coûts sont d'autant élevés que les écoles sont découragées par la nécessité de constamment mettre à jour leurs logiciels et leurs plate-formes informatiques pour mieux répondre aux réalités du marché et aux attentes de leurs clientèles. L'acquisition de NC permettra même de redéfinir la profession en rendant l'information, les cours et les devoirs directement accessibles à tous. L'étudiant et le professeur pourront interagir l'un avec l'autre via le NC que ce soit en classe ou ailleurs.

Le NC pour les pays en voie de développement

L'informatique, si banalisée soit-elle dans les pays industrialisés, a des taux de pénétration très modestes dans les pays en voie de développement. Ces pays ont des besoins de plus en plus pressants en matière d'informatique et de télécommunications. Avec un coût total moindre, le NC se positionne comme l'outil de choix pour ceux qui ne peuvent s'offrir un PC, qui quoique comparativement peu coûteux à l'achat dans les pays industrialisés, demeure un article de luxe dans les autres pays. Ainsi, d'après Oracle, grâce au NC, l'Internet et les télécommunications seront accessibles à la majorité de la communauté internationale dans cinq ans au lieu des dix ans envisagés avec le PC.

Déjà, plusieurs géants internationaux de télécommunications ont endossé la nouvelle technologie. Ceux-ci incluent la NTT du Japon, Bell Canada, British Telecom et France Télécom.

La recrudescence de l'Internet est de plus en plus accentuée et plusieurs pays sont encore en train de se connecter (voir la figure 9). D'après International Data Corp., d'ici l'an 2000, 22% --ou 22 millions d'unités-- des appareils qui seront connectés à l'Internet ne seront pas des PC.

Conclusion

Des gros ordinateurs et des mini ordinateurs, la technologie a évolué vers les PC. Entre temps nous avons vu de petits gadgets comme des calculatrices à mémoire, des ordinateurs de poche qui peuvent reconnaître l'écriture humaine et des agendas électroniques défiler et être à peine remarqués dans les boutiques d'électronique. En parallèle, l'Internet devenait de plus en plus populaire en même temps que les PC devenaient des biens de consommation. De la conjugaison de plusieurs percées technologiques l'idée d'un nouvel appareil aux dimensions plus réduites que le PC et les ordinateurs portatifs germa et fit son chemin. Ce qui est certain c'est que comme d'autres tentatives, le NC sera commercialisé. Sera-t-il un succès? Saura-t-il s'imposer? Sera-t-il le prétexte à un autre bond technologique comme le PC l'a été avant lui?

Il ne sera pas prudent de sauter aux conclusions hâtives tant est que d'autres plus connaisseurs que nous l'ont fait dans le passé et se sont trompés. Ce fut le cas du super ordinateur et du PC entre autres. Autrement on serait tentés de conclure que le NC n'est qu'un vieux bijou rouillé présenté dans un nouvel écrin. D'un autre coté, comment envisager un meilleur succès pour le NC que celui qu'a eu le Newton d'Apple par exemple? Telles sont les questions que l'on se pose à chaque quinze ans dans cette industrie.

Notes

1. Le premier vrai mini-ordinateur était le PDP-8 de DEC introduit en 1965. Il coûtait quelques 15.000 $ à l'époque.

2. En fait, le premier PC était le MITS 816 (Micro Instrumentation and Telemetry Systems) qui date de 1972. Mais on ne peut dire qu'il était un aussi grand succès commercial que le fut l'IBM PC en 1981.

3. Remarquons au passage, que Microsoft a tenté, au moins à trois reprises, de développer un "micro-système d'exploitation" à la Windows. Une version de Windows qui opérerait sur un non-PC. Le 16 septembre 1996, a annoncé une première version de ce système d'exploitation appelé Windows CE. Cette mini-version de Windows sera commercialisée le 17 novembre 1996. Les premiers gadgets à utiliser Windows CE seront disponibles avant la fin de l'année et incluent des rolodex électroniques manufacturés par Compaq, Hewlett-Packard, Casio et NEC entre autres.

4. C'est dire que si l'on dispose d'un modem qui transmet à la vitesse de 28.800 bits par seconde, il faudra attendre 3,80 minutes pour que le système entier soit téléchargé sans quoi le NC serait inopérant.

5. D'après le Gartner Group, le coût annuel d'un PC est de 12.000$ dont 56% sont couverts par les dépenses associées à la maintenance, développement d'applications, formation des utilisateurs, etc. Les chiffres avancés par Intel Corp. sont de 6.410 $ par machine. Pour Forrester Research, le coût annuel s'élève à 8.170$.