Séminaire sur le commerce électronique en Tunisie (un autre ?)

A paraître quelque part.


Le Dr. Catherine L. Mann est chercheur senior au prestigieux Institute for International Economics depuis 1997. Auparavant, elle occupa le poste de Directeur adjoint de division de finances internationales à la Federal Reserve Board of Governors, économiste internationale senior au Conseil présidentiel des économistes à la Maison Blanche et conseillère de l’Economiste en chef de la Banque Mondiale. Elle a longuement étudié les TIC et le commerce électronique ans divers pays émergents dont la Chine, la Thaïlande, le Vietnam, Taiwan, Sri Lanka, le Mexique, la Maroc, l’Afrique du Sud, ainsi que des pays comme l’Australie, le Canada, la Finlande, l’Allemagne, et la Nouvelle Zélande. Auteur de plusieurs livres, dont Global Electronic Commerce: A Policy Primer, le Dr. Mann a obtenu un PhD en Economie du Massachusetts Institute of Technology.

C’est le 28 mai qu’ont été rendus publics les résultats du rapport sur le commerce électronique en Tunisie préparé par le Dr. Catherine Mann de l’Institute for International Economics (Wash.) pour le Département du Commerce américain et l’Association des Professionnels de Banque de Tunisie (APBT).

Le clou de la journée a été la présentation des résultats des travaux de Mme Mann qui a pris pas moins de deux heures, suivie de deux tables rondes dont une avait pour objectif de dresser les priorités tunisiennes en matière de développement du commerce électronique, essentiellement pour les secteurs du textile et du tourisme.

Ont également été présents Son Excellence l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique, M. William J. Hudson, MM. Abderraouf Ben Ghezala, Délégué Général de l’APBT, Marouane Abassi, Professeur aux HEC-Carthage, Zoubeir Karoui, conseiller à l’ABPT, Karim Skik, Directeur Général de Equinoxe (en transition vers son nouveau poste à la tête de Microsoft Tunisie), Khaled Fradi de Société Monétique Tunisie (SMT) et Mohamed Louadi, professeur à l’ISG de Tunis.

C’est dire que l’évènement était d’importance. En quoi puisque d’aucuns diraient que tout ou presque tout devrait avoir été dit sur le commerce électronique si l’on en juge le nombre de séminaires consacrés au thème du commerce électronique ces derniers temps?

Il l’est à deux titres. Le premier est que rares ont été les rapports consacrés à la Tunisie par des économistes étrangers qui ont été présentés avec un tel détail. Les données avaient été obtenues de diverses sources secondaires et sur la base d’entrevues avec des officiels et responsables tunisiens en septembre 2003. L’effort de concilier les deux méthodes (ascendante et descendante selon les explications de mme Mann) est louable.

Le second c’est que hormis les multiples atouts dont dispose la Tunisie en matière de TIC, il reste des pans entiers dans lesquels il y a encore beaucoup à faire avant même que la Tunisie puisse aspirer à se lancer sérieusement dans le commerce électronique.

Sans vouloir passer tout le rapport de 29 pages en revue (il devrait bientôt être disponible sur le site de l’ambassade des Etats-Unis), une faiblesse de taille est rapidement apparue dans l’infrastructure actuelle de la Tunisie. Il s’agit de la bande passante internationale. Étudiée parmi un grand nombre d’autres critères, la bande passante par unité de PIB évalue la capacité qu’ont les entreprises à utiliser effectivement les TIC dans leurs transactions internationales.

Ayant fait ses calculs sur la base des indicateurs de la base de données de l’Union internationale des télécommunications, notamment l’indice d’accès numérique établi par l’UIT, le Dr. Mann observe que la bande passante à l’internationale de la Tunisie est extrêmement faible.

Comparée à des pays comme la Chine, la Thaïlande, la Hongrie, le Portugal, la Corée et l’Italie, la bande passante à l’internationale tunisienne est presque négligeable, invisible pour ainsi dire dans les graphiques présentés par la séminariste. A noter que ces pays avaient été choisis notamment parce qu’ils se présentent comme concurrents de la Tunisie sur son marché traditionnel, l’Europe, en ce qui a trait au textile et au tourisme. Sur ce plan, nos concurrents auraient donc plusieurs longueurs d’avance sur la Tunisie.

A noter que la bande passante à l’internationale était de 3 Mégabits par seconde (Mbps) en 1997 et qu’elle est aujourd’hui située aux alentours de 155 Mbps. On croit savoir qu’elle est appelée à être portée à 380 Mbps au cours du mois de juillet prochain.